DÉMARCHE ARTISTIQUE
Ma carrière artistique débute aux environs des années 90, quasiment avant la fin de mes études en arts-plastiques, depuis j’entame une lutte sans arrêt pour trouver ma voie, et bâtir mon univers.
J’ai grandi dans un quartier en Haïti (à Port-au-Prince) entouré d’excellents artistes que j’ai eu le bonheur et la chance de côtoyer et qui m’ont formé, l’un d’eux Dieudonné Cédor, était mon professeur de dessin d’observation, c’est lui qui m’a introduit chez les NADER en 2007. Ce climat d’échange fut une source de grande valeur et de richesse culturelle, car beaucoup de jeunes de mon âge, à l’époque qui sont devenus aujourd’hui peintre en ont reçu eux aussi d’importants conseils.
Devenir un artiste demande beaucoup de détermination et de volonté parce que l’inexpérience nous fait nager dans une mer houleuse, gigantesque de formes et de couleurs, on doit s’exercer constamment, travailler rigoureusement à chercher notre chemin pour trouver un style propre à nous, si on ne veut pas se faire noyer.
J’aime admirablement la peinture et ce qu’elle provoque chez moi, j’aime découvrir le talent d’un peintre, étudier sa technique et sa démarche, contempler sa sensibilité à travers une œuvre magnifique, mais ça s’arrête là. La seule chose que je me permets de faire, c’est d’absorber l’énergie des autres pour la convertir en une sorte d’énergie neuve qui est mienne. Je refuse de reproduire un peintre, de calquer sur sa technique, selon moi c’est s’enterrer sous son ombre, sa pensée, sa philosophie. Je refuse de m’investir tête baissée dans un univers qui n’est pas fondamentalement le mien.
Aujourd’hui j’adopte un courant ou je me sens à mon aise c’est le surréalisme qui a pour fondement le refus de toutes les constructions logiques de l’esprit. Je combine donc ma charge émotionnelle du monde réel et de l’imaginaire pour transmettre diverses émotions. Bien que je n’arrête pas de toucher a d’autres courants artistiques de l’époque, mais je privilégie celui qui répond le mieux à mes exigences.
Je peux affirmer en toute humilité que j’ai trouvée à présent mon style. J’ai découvert que toutes les surfaces sans distinction regorgent de formes, qu’il s’agisse d’une surface de canevas vierge ou celle d’une vitre lisse et propre, elles en ont toutes. Cela peut paraitre surprenant, mais c’est une vérité.
En peignant, j’exécute souvent des formes qui rappellent celui de la femme, pleine de tension, de grâce et de charme, des créatures bleues comme le ciel, qui se mélangeant aux nuages, dans un renouvellement de formes, de ton, et de gestes infinis. J’ai développé au fil du temps plusieurs techniques qui me permettent de créer des formes préfabriquées. Ces formes une fois réalisées me suggèrent d’elles-mêmes la marche à suivre pour produire n’importe quel tableau. Ce qui fait la force de cette technique, c’est que je n’utilise presque pas de modèle lorsque je peins. Grace à cela, je peux trouver une variété de formes ou d’images déjà toute faites grâce au raccourci que génère cette technique. Ensuite avec un peu de concentration et un peu de savoir-faire, l’œuvre va surgir forcément de cette surface.
Je veux aller le plus loin que mon art puisse m’emmener, je n’arrête pas de chercher de nouveau projet, de m’investir et de partager mes expériences. La peinture est un ajout majeur qu’il ait donné aux artistes de creuser pour chercher leur voie et expérimenter leur potentialité.